jeudi 20 mars 2008

La reine morte - théâtre 14

Créée en 1942 à la Comédie-Française, Madeleine Renaud tenait le rôle d’Inès, Julien Bertheau celui de Pedro.


Henry de MONTHERLANT (1895-1972) - Élu en 1960 à l’Académie Française
Parmi ses pièces les plus célèbres : La Reine morte, Fils de personne, Malatesta, Le Maître de Santiago, Port-Royal, Don Juan, Le Cardinal d’Espagne.

La véritable histoire de Inès et Pedro :

Pedro prince héritier du Portugal, marié par raison d’état à Constance de Castille, tomba amoureux d’une des suivantes de son épouse Inès de Castro. La reine mourut en mettant au monde son 3ème enfant. Ce qui laissa le champ libre aux amants qui se marièrent et eurent quatre enfants.

Le Roi Alphonse IV ne voyait pas d’un bon œil la liaison de son fils et craignait l’influence des frères d’Inès sur le prince. Il fut décidé d’éliminer Inès.
Pedro fou de douleur s’arma contre son père rendant possible une guerre civile. Alphonse IV mourut peu de temps après s’est réconcilié avec son fils, qui avait compris que les assassins de sa bien aimée étaient les conseillers de son père. Pedro devenu roi du Portugal, sa première décision fut de venger Inès en faisant extrader et exécuter ses assassins. La légende dit qu’il fit exhumer le corps d’Inès, la fit revêtir d’un habit de sacre, la couronna et fit asseoir son corps sur le trône à ses côtés. Il obligea tous les Seigneurs à se prosterner devant sa « reine morte ».

Si vous allez au Portugal, arrêtez-vous à Alcobaça. C’est là que Dom Pedro et Inès reposent pour l’éternité.
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THEATRE 14 - Jusqu’au 19 avril (2h sans entracte)
01 4545 4977 – mardi – mercredi – vendredi 20h30
Jeudi 19h – samedi 16h et 20h 30
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Merci à Jean-Laurent COCHET, sa compagnie joue intensément ce chef-d’œuvre de Montherlant. D’ailleurs, pourquoi les pièces de cet auteur sont-elles si peu données ? Le mobilier, les costumes, mettent ce texte en valeur. Les comédiens sont installés tels des pièces sur un échiquier. Ils assistent au déroulement de l’action, pour s’éclipser leur scène jouée.

Les amoureux de la langue française pourront se délecter, les répliques sont fortes, exaltées, c’est un texte d’une grande beauté, qui rend vie à l’amour sans concession de Inès de Castro. Si l’Histoire retient le nom de Pedro 1er dit le Cruel, Montherlant en fait un prince si falot, qu’on se demande comment il peut mériter une telle passion ! A l’inverse, l’infante de Navarre, bafouée droite et fière, qui a parfaitement compris son rôle de future reine, avoue sans détour qu’elle n’aime pas Dom Pedro, mais qu’elle voit beaucoup plus haut ! rien à voir avec l’amoureuse qui lui tient tête et qu’elle tentera, en vain, de sauver de son funeste sort.
L’infante est-elle éprise de sa rivale ? on peut le supposer également. La jeune fille avouant sans détour qu’elle n’aime pas les hommes et qu’elle ne s’imagine pas aimée ou être aimée… C’est sans nul doute, le seul personnage d’une grande droiture, orgueilleuse. Elle ne cache rien, ne dissimule pas. Inès est son pendant, toute en douceur, amour, compassion.

Jean-Laurent COCHET ……….Ferrante, roi de Portugal
Xavier DELAMBRE ………….. Le Prince Don Pedro, son fils
Pierre DELAVÈNE …………… Egas Coelho, premier ministre
Frédéric GUIGNOT ………… Alvar Gonçalvès, conseiller
Catherine GRIFFONI ………… Inès de Castro
Elisabeth VENTURA …………. L'Infante de Navarre

www.jeanlaurentcochet.com

Maria MALIBRAN, dont on fête le bicentenaire de la naissance, créa le rôle d'Ines de Castro en 1835, opéra composé par Giuseppe Persiani (1799–1869) sur une commande du Teatro San Carlo.

dimanche 9 mars 2008

La forme des choses - Petit théâtre de Paris

Décidemment le théâtre américain nous réserve bien des surprises !
en effet après Good Canary, voici une pièce de Neil Labute LA FORME DES CHOSES.

Evelyn (Julie Delarme) étudiante en histoire de l’art est bien décidée à taguer une statue, objet pour elle de l’hypocrisie (des feuilles de vignes cachent honteusement le sexe du dieu...)

Elle déteste le mensonge et veut la vérité à tout prix. Adam (Jérôme Foucher), jeune étudiant gardien dans le musée pour se faire un peu d'argent, tombe sous le charme de cette jeune femme à l'opposé de lui. Plus tard, il lui présente ses meilleurs amis Jenny (Marie-Julie Baup) et Philipp (César Méric), tous justes fiancés. Malheureusement, Evelyn et son franc parlé vont faire des dégats auprès de Philipp qui a décidé de toutes façons qu’il faut penser comme lui, lors d’une discussion mémorable sur l’art et la vie en général.

Adam se métamorphose, tant physiquement que mentalement, du jeune binoclard bedonnant, il devient très vite séduisant et sûr de lui, l’amour fait des miracles pense ses amis… Il supporte tout d’Evelyn même de renier ses amis.

Evelyn poursuit son travail sur la sculpture et le présentera au final aux étudiants avec un numéro mémorable qui vous laisse pantois !

Jusqu’où va-t-on pour l’art, pour l’amour ? Se laisse-t-on manipuler si aisément, y a-t-il une frontière à ne pas dépasser même au nom de l’ART ?

Les acteurs sont merveilleux, la pièce est dérangeante, cruelle et souvent drôle. Julie Delarme est remarquable d’innocence perverse. Les répliques sont crues, ce n’est pas une comédie sur la jeunesse américaine mais bien sur l’ambition et le paraître, fléaux de notre époque.

Je vous recommande vivement cette pièce qui se joue actuellement.

Petit Théâtre de Paris, à 21 heures, du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 heures et le dimanche à 15 heures. Tél.: 0142800181.