vendredi 16 septembre 2011

Collaboration - théâtre des Variétés



Collaboration de Ronald Harwood

Michel AUMONT : Richard Strauss
Didier SANDRE : Stefan Zweig
Christiane COHENDY : Pauline Strauss
Stéphanie PASQUET : Charlotte Altmann
Décors Agostino Pace



Ronald Harwood signe là encore une très bonne pièce, dont  le sujet « collaboration et art » lui tient à cœur, après  « A torts et a raison » qui relate le procès contre Willem Furtwängler et « l’Habilleur » qui se déroule pendant la seconde guerre dans une petite ville de Grande Bretagne. Il a écrit nombre de scenarii dont «le pianiste » de Roman Polanski.

L’art doit-il faire l’impasse sur la politique ? Peut-on ignorer ce qui se passe autour de nous ?  Le titre est à double sens, collaboration entre deux immenses artistes allemands, collaboration avec le pouvoir en place.

Le musicien cherche désespérément un sujet d’opéra et surtout un librettiste, après le décès de Hofmannsthal qui lui avait écrit "Elektra", "le Chevalier à la rose", et tant d’autres. Son épouse Pauline, ancienne soprano, qu’il a épousée en 1894, l’engage à joindre Stephan Zweig pour travailler avec lui, elle est très admirative des écrits de celui-ci.

La rencontre de Richard Strauss et Stefan Zweig est chaleureuse, les deux artistes se vouant l’un à l’autre une profonde admiration. Zweig propose un livret d’après une nouvelle de Ben Johnson « La femme silencieuse ».  Strauss est très enthousiaste, mais Zweig doit finir avant tout son livre sur « Marie-Antoinette » ce qui retarde un peu la production de l’opéra au grand dam du musicien.

Zweig est tourmenté et à raison par le régime nazi en place, dont se soucie peu Strauss, lui ne vit que par l’art et pour l’art et comprend mal ou s’agace des terreurs de son ami. Malheureusement, Goebbels «proposera »,  en fait ordonnera à Strauss de devenir Président de la Reichsmusikkhammer en 1935. La belle-fille de Strauss est juive ses petits-enfants également, Il n’a pas d’autre issue que de prendre parti tout en pensant, naïvement qu’il pourra contrôler les dérives du gouvernement en matière d’art et surtout protéger sa famille.

La première de la « femme silencieuse » se déroulera en présence du Führer accompagné de Goebbels ! Zweig est indigné et annonce à Strauss qu’il n’y assistera pas, celui-ci ne comprend pas sa réaction. Le jour de la représentation, le Directeur annonce à Strauss que malheureusement l’avion d’Hitler ne peut pas décoller à cause des intempéries… Pauline Strauss est soulagée et le musicien aussi, celui-ci fera acte de résistance en découvrant que sur les affiches de son opéra, le nom du juif Zweig n’est pas mentionné. Strauss entre dans une colère monstre et déclare au Directeur qu’il n’assistera pas à la représentation si un bandeau n’est pas rajouté sur les affiches avec le nom de son ami ! Le directeur s’incline, il perdra sa place.

Le triomphe est tel que Strauss téléphone à Stephan pour lui raconter le délire et l’enthousiasme des spectateurs, il est heureux. Zweig est anéanti par l’attitude irresponsable de Strauss… Malgré le succès de l’œuvre, celle-ci sera retirée à la demande d’Hitler.

La dernière scène est le procès en « dénazification » de Strauss, très affaibli celui-ci tente de se justifier comme il peut, il pleure la mort de son ami qui a préféré le suicide avec sa compagne au Brésil en 1942.

Michel Aumont donne une dimension humaine à son personnage, son côté bougon et ses échanges avec Christiane Cohendy sa soprano d’épouse apporte un peu de légèreté.

Didier Sandre est parfait dans son rôle d’écrivain tourmenté, d’humaniste meurtri par la folie des hommes.

Tous les comédiens sont excellents, Stéphanie Pasquet, Eric Verdin, Patrick Fayet et Sebastien Rognoni aidés par la mise en scène de Georges Werler et les décors de Pace.

Fantasmes de demoiselles - Théâtre 14


Fantasmes de demoiselles (Théâtre musical)
René de Obaldia
Adaptation et mise en scène Pierre Jacquemont

Musique Lionel Privat

Avec Isabelle Ferron, Manon Landowski, Laurent Conoir, Pierre Jacquemont


Les 4 comédiens dépensent une belle énergie tant dans le chant que la comédie. Ils sont très bien accompagnés par deux musiciens.

L’histoire débute avec  les lectures de petites annonces bien savoureuses. Deux femmes dans un bureau, bousculent et râlent après leurs deux collègues masculins. Tout ceci se passe en complet veston et tailleurs stricts ce qui ajoute une bonne dose d’humour puisque leurs répliques et chansons sont en total décalage !

Deux bureaux-comptoirs et des panneaux glissent et  composent le décor, se modulent suivant les histoires de chacun et découvrent des scènes souvent bien cocasses. Tout ceci  donne un spectacle fantaisiste et agréable à voir.

L’âme sœur, le prince charmant «  chacun cherche son chat ! » mais pas là où il faut !

René de Obaldia, ce jeune homme de 92 ans, membre de l’Académie Française depuis 1999, bardé de décorations et de distinctions s’est amusé à écrire ces saynètes sur la recherche de « l’amour toujours » par des femmes esseulées. Il est aussi l’auteur du « Satyre de la Villette », des « Innocentines », « Du vent dans les branches de Sassafras » etc.  Il a son vocabulaire bien à lui, inventif, coloré.

www.theatre14.fr  jusqu’au 22 octobre