samedi 28 février 2015

La dame aux jambes d'azur - Labiche - Studio théâtre


La dame aux jambes d’azur
d’Eugène Labiche et Marc Michel

mise en scène Jean-Pierre Vincent 

avec Gérard Giroudon, Claude Mathieu, Jérôme Pouly, Julie Sicard, Pierre Louis-Calixte Gilles David, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern et les musiciens Pascal Sangla,Philippe Briegh 


Nous assistons à la répétition de la pièce, l’auteur veut « peaufiner » et personne n’est prêt, il ne veut pas présenter son drame en l’état !

© Brigitte Enguerand


Un pseudo drame romantique, se déroulant à Venise, des décors qui n’ont rien à voir, le machiniste dévoué mais complétement dépassé, la comédienne qui n’a rien de «royal » et qui chanterait bien sur les planches de la Gaîté Lyrique, les deux rivaux, tenant chacun leur toutou en laisse, qui est le plus cabot des deux ? Mais chez Labiche tout finit par des chansons !

Comment faire du bon théâtre avec un mauvais texte, de mauvais comédiens, cabotins, pleurnichards, un machiniste illettré qui doit remplacer le souffleur, la comédienne finissant son tricot et sa saucisse, et un comédien surtout absorbé à trouver un appartement dans Paris, crise du logement déjà en 1857…

Dans cette « pochade » donnée au bénéfice d’une demoiselle Lucile Durand, comédienne, Labiche s’est amusé à brocarder le milieu qu’il connait bien.

© Pascal Victor / Artcomart

Les comédiens du Français se sont bien amusés, nous aussi !

mercredi 25 février 2015

Les eaux lourdes - C. Siméon - Théâtre Le Lucernaire


Les eaux lourdes

De Christian Siméon

Mise en scène Thierry Falvisaner

Arnaud Aldigé, Julie Harnois, Elizabeth Mazev, Christophe Vandevelde


Médée et Jason, figures mythiques et épouvantables. La passion emporte tout et détruit.

Mara a tué son enfant lorsque Pierre l’a quittée, il faisait partie d’un réseau de Résistance. Il recherche depuis des années l’homme qui a trahi le réseau et fait déporter son ami François. Il a quitté Mara, elle ne lui a pas dit qu’elle était enceinte de leur second enfant.

Ian est un gentil jeune homme, attardé mentalement mais doué d’une mémoire étonnante. Mara vit avec ce fils, et Alix une jeune femme, attachée à Ian, et maîtresse de Pierre. Celui-ci ne veut plus revoir Mara depuis le drame.

Mais un jour, il se décidera à la voir ainsi que leur second fils, et le malheur entrera dans la maison, avec ses non-dits, ses violences, sa cruauté.


Les comédiens vivent intensément le texte, ils sont bouleversants chacun à leur manière, certes le texte est rude et le sujet tragique. On peut suivre la pièce comme un thriller avec un dénouement cruel.

mardi 24 février 2015

Comtesse de Ségur née Rostopchine - J. Fossier - Comédie-Bastille


site du théâtre 


Mise en scène Pascal Vitiello
Avec Bérengère Dautun

Sophie de Ségur nous accueille dans son salon, elle est « descendue de sa dormeuse » pour nous parler d’elle et de son œuvre. Avec humour, elle fait le parallèle entre son époque où l’on prenait son temps pour écrire et notre époque SMS mal « ortografiés »… et ne parlons pas de l’éducation, nous sommes même rappelés à l’ordre pour les portables !

Sophie Rostopchine a eu une enfance dure, sa mère était une épouvantable mégère, qui serait depuis longtemps sous les verrous à notre époque. La petite Sophie plus tard devenue Comtesse de Ségur, égratignera de sa plume Madame sa mère sous les traits de la ridicule et méchante Mme Fichini.

Mais revenons à Voronovo et au général Dourakine, enfin plutôt au comte Rostopchine, celui-ci a eu la mauvaise idée de rendre Moscou imprenable aux troupes de Napoléon en embrasant la ville, reproches des propriétaires et surtout du Tsar et départ en exil.

A Paris, Sophie rencontrera le bel Eugène de Ségur. Ils se marièrent, ne furent pas heureux et eurent beaucoup d’enfants ! Elle sera une très bonne mère et s’effondrera dans une profonde dépression lors du décès d’un de ses fils.

Bérangère Dautun apporte grâce, humour et délicatesse à ce personnage si mal connu, si souvent décrié, elle lit avec une pointe d’ironie les critiques que l’on écrivait à son encontre…

Un beau moment de littérature à savourer sans modération !


dimanche 22 février 2015

Des gens biens - D. Lindsay-Abaire - théâtre Hébertot


site du théâtre

Mise en scène Anne Bourgeois

Avec Miou-Miou, Patrick Catalifo, Brigitte Catillon, Aïssa Maïga, Isabelle De Botton,
 Julien Personnaz

Boston, quartiers pauvres. Margie, mère célibataire d'une adulte handicapée, se débat pour s'occuper de sa fille et trouver du travail, sans se départir d'un humour glacé qui la fait tenir debout.

Sur les conseils de ses amies, elle retrouve la trace de Mike, son ancien amour, issu comme elle de la classe ouvrière mais devenu un médecin aujourd'hui reconnu. Convaincue qu'il peut lui trouver du travail, elle s'invite à son domicile et remue le passé...

Miou-Miou dont c’est le grand retour sur les planches, a choisi un rôle à sa mesure. Elle est franche, dense, humaine, et sait jouer entre l’humiliation qu’elle subit et qu’elle fait subir à l’autre. Elle peut être ignoble et va jusqu’au bout avec une simplicité désarmante !

Ses deux amies, dont l’une est sa logeuse, Brigitte Catillon et Isabelle De Botton, l’une tout en aigreur et calculatrice, l’autre artiste en « lapins » à ses heures, mais s’inquiétant de la rentrée de son loyer. Elles sont hautes en couleur avec un fort tempérament.

Patrick Catalifo, l’ancien amour a réussi sa vie, son mariage, il fait partie du « bon côté » de Boston et veut oublier le passé, hélas, Margie ne l’entend pas de cette oreille, elle a besoin d’un travail, d’argent et ira loin, trop loin.

On est un peu surpris par la fin de l’histoire, plus heureuse que le début et l’on se dit qu’en effet on ne peut pas toujours se trouver des excuses, ou un bouc émissaire pour se consoler de ne pas s’en sortir.


Une bonne pièce et un succès mérité pour tous les comédiens.

vendredi 20 février 2015

Etty Hillesum - Texte original Etty Hillesum- théâtre de l'Echo



Etty Hillesum, la flamme d’une âme
Texte original Etty Hillesum, mise en scène Mourad Berreni

Née en 1914, Etty (Esther) Hillesum, écrira un journal en 1941 et le confiera à une amie, hélas, les derniers cahiers ont été perdus durant sa déportation à Auschwitz, où elle mourra en 1943.

Etty est une jolie femme, libre de ses choix amoureux, elle aimera passionnément Julius Spier, aura une liaison avec Han Wegerif et vivra avec lui, elle est très en avance sur son temps, et assume pleinement sa liberté.

Elle est lucide sur la montée du nazisme et l’avenir réservé aux juifs. Elle ne fuira pas et refusera toute aide pour se cacher. Elle se laissera emporter sans parler pour autant de sacrifice.

Elle s’occupe des plus malheureux, elle éprouve même un épanouissement dans toute cette atrocité.  Après avoir vu un arc-en-ciel, elle sourit, ce qui fera croire à certains que les alliés ne sont pas loin ! Etty s’obligera à mentir à des déportés, « oui, les nouvelles sont bonnes », elle ne pouvait pas décemment leur avouer qu’elle ne souriait que parce qu’elle avait vu un arc en ciel…

On pourrait s’étonner de sa foi malgré toutes ses horreurs,  mais c’est un roc qui la maintient en vie, lui fait surmonter les épreuves, secourir par des mots ou des gestes, les malheureux.

Angélique Boulay  apporte sa fraîcheur et sa sensibilité à Etty, intense et sincère.


Par les temps que nous vivons, il est important de voir ce spectacle et de lire les cahiers d’Etty.

jeudi 19 février 2015

Blind date - Mario Diament - théâtre de la Huchette



site du théâtre 

De Mario Diament
(traduction de Françoise Thanas)

Dominique Arden, Raphaëlle Cambray, Ingrid Donnadieu, Victor Haïm, André Nerman
Metteur en scène : John Mc Lean

photo LOT

Un vieil homme assis sur un banc, il est aveugle c’est un célèbre écrivain, les personnes qui le croisent dans le parc se confient à lui, il dégage tant de douceur et de sympathie.

Un homme prendra son temps, précieux, à discuter avec lui, il lui raconte son amour fou pour une jeune femme. Il en vient à se déguiser pour la suivre ! Il laisse l’écrivain sur son banc et s’en retourne à sa banque. Le vieil homme aussi s’est confié à lui, Il raconte une drôle d’histoire qui lui est arrivé plus jeune à Paris, il a manqué l’amour de sa vie à cause d’un escalier mécanique !

Quelques instants après, une jeune fille arrive en courant elle fait son jogging reprend son souffle, elle a reconnu l’écrivain et lui parle, elle est moderne, libre de ses sentiments, mais souffre du couple insipide formé par ses parents. Elle rit aussi en pensant à son amant qui se déguise pour la surveiller, mais elle ne se remet pas non plus de la mort d’un de ses amants, mort du sida. Le vieil homme écoute mais ne juge pas.

photo LOT

Dans le cabinet de la psychanalyste, une femme se confie, difficilement, elle n’aime pas son mari, et ne comprend pas sa fille, elle est agressive envers la thérapeute. Elle lui raconte aussi une drôle d’histoire arrivée à Paris lorsqu’elle était jeune fille…

photo LOT

Quant à la psychanalyste, elle a aussi bien du souci avec son banquier de mari et la maîtresse de celui-ci, mais personne à qui se confier.

photo LOT


Un puzzle se forme peu à peu dans l’histoire, quelle poésie dans le texte, quelle originalité, un bijou ciselé, des interprètes remarquables, vivant chacun leur histoire avec un Victor Haïm exceptionnel.

mercredi 18 février 2015

Le bouffon du Président - Olivier Lejeune - théâtre des Variétés



Imaginez un ancien Président de la République qui s’offre le luxe de se payer la tête de son imitateur… le rêve de tous les politiques !


Nous voici donc dans un cabaret un peu miteux mais Jerry Guillos est perplexe, il va se produire dans une soirée privée, tellement privée qu’il n’y aura qu’un spectateur, lui habitué aux grandes scènes, est prêt à repartir mais l’attachée de presse Roseline, a des arguments percutants et trébuchants, son cachet lui est donné cash !

On assiste donc à une vraie soirée cabaret, et Jerry aura la mauvaise surprise de connaître enfin son « invité », mais voilà, il y aura l’effet boomerang avec des révélations dont il se serait bien passé…

Franck de Lapersonne, mine gourmande, véritable Raminagrobis, donne ses coups de griffes avec humour, et attention aux oreilles chastes.

Michel Guidoni, fait hurler de rire avec son imitation très fidèle de « qui vous savez » rassurez-vous, tout le monde en prend pour son grade, et même notre actuel Président normal !


Fabienne Chaudat, avec son joli tailleur rose, nous fait penser à une ex-ministre très populaire, c’est une vraie bombe à retardement et un vrai talent comique. On est touché par Frédéric Bodson qui est le plus humain de tous. Quant à Cécile de Ménibus elle apporte la touche glamour dans ce panier de crabes !



Une bonne soirée de divertissement et un hommage aux chansonniers et autres imitateurs.


samedi 14 février 2015

La colère du Tigre - Philippe Madral - Théâtre Montparnasse


site du théâtre 


Mise en scène Christophe LIDON


L’amitié profonde entre le peintre Monet (1840 – 1926) et Georges Clémenceau (1841-1929).

Un beau décor reprenant en toile de fond « les nymphéas » objet de la querelle entre les deux hommes.

Nous sommes en Vendée, chez Clémenceau, il attend impatiemment la visite de son ami Monet, celui-ci est atteint d’une double cataracte qui ne lui permet plus de peindre, mais de retoucher ou de finir quelques toiles.

Clémenceau, quant à lui écrit une biographie sur Démosthène, il a fait la connaissance d’une charmante directrice de collection, Marguerite Baldensperger, de 40 ans sa cadette, il en est amoureux, et leur relation platonique et épistolaire sera publiée sous le titre « Lettres à une amie ».

Clémenceau grand amateur de femmes, est par contre, opposé à leur droit de vote, d’après lui, les femmes sont trop sous l’emprise de « la calotte » ! lui si farouchement athée et anti-clérical.

Monet répondra donc à l’invitation de son ami, mais la colère du Tigre à son encontre, fera vaciller leur longue amitié. Clémenceau fait tout pour que les « Nymphéas » entrent à l’Orangerie, il y a mis son point d’honneur et fait jouer ses relations, mais voilà, le peintre, diminué par sa maladie, ne veut pas en entendre parler !

Si on connaît la biographie de Monet et son œuvre, si on connaît Clémenceau, on n’apprend pas grand-chose de nouveau avec cette pièce, il faut espérer que le public néophite découvrira l’œuvre de l’un et de l’autre.


La distribution est certes alléchante, les comédiens ont du métier, mais Brasseur m’a semblé fatigué et Aumont peu convaincant, par contre Sophie Broustal illumine la pièce de sa présence et la truculente Marie-Christine Danède apporte la touche humaine et amusante de la servante dévouée.


vendredi 6 février 2015

The servant - Robin Maugham - Poche-Montparnasse



site du théâtre


Londres dans les années 1950, Tony est de retour au pays après un long séjour en Afrique qui l’a marqué, il reçoit ses amis, Richard qui lui a trouvé un appartement, et Sally sa petite amie qui souhaiterait un engagement plus sérieux.

Richard lui a également trouvé un valet. Tony ne parvient pas à prendre des décisions, mais accepte volontiers et comme une délivrance que l’on s’occupe de tout pour lui.

Barrett a des références de tout premier ordre, il semble être le valet idéal, et suggère même de décorer l’appartement. Ce qui convient parfaitement à Tony.

Petit à petit, Barrett prendra de l’emprise sur Tony, c’est un parfait cuisinier, parfait valet, Tony ne peut plus s’en passer, il noie ses problèmes dans l’alcool. Barrett parviendra également à évincer Sally pour la remplacer par une autre fille à ses ordres.

Richard se trouvera impuissant à sauver son ami. Sally abandonnera elle aussi une histoire perdue d’avance. Que recherche Barrett ? Est-ce une vengeance personnelle ? Manipulation certes mais pour en arriver où vraiment ?


Ambiance cosy, feutrée, jazzy, dont on ne s’attend pas vraiment au dénouement. Les comédiens sont habités par leurs personnages, inquiétant  pour Maxime d’Abboville, vipérine pour Roxane Bret, morbide pour Xavier Lafitte, découragés pour Alexie Ribes et Adrien Melin. Tout cela ponctué par la musique et la mise en scène dense et inquiétante de Thierry Harcourt.