mardi 20 décembre 2016

Le petit maître corrigé - Marivaux - Comédie Française





Site du théâtre ICI
durée 2h
jusqu'au 24 avril

Le petit maître corrigé
Marivaux

Mise en scène Clément Hervieu-Léger

Avec Florence Viala (Dorimène), Loïc Corbery (Rosimond), Adeline d’Hermy (Marton), Pierre Hancisse (Dorante), Claire de La Rüe du Can (Hortense), Didier Sandre (le comte), Christophe Montenez (Frontin), Dominique Blanc(la marquise) et Ji Su Jeong (la suivante de Dorimène)



Sur scène, du sable, de hautes herbes, dans le fond on aperçoit la machinerie, les projecteurs. Soudain la toile se lève, le ciel bleu sur une toile peinte, j’aurai bien aimé qu’elle reste tout le temps dans notre champ de vision !

Une jeune femme accoure, son matériel de peinture en mains, elle dispose des feuillets qui s’envolent ! Marton sa suivante, la rejoint, elle pose. C’est un joli tableau de maître !

Frontin, valet de Rosimond, le fiancé d’Hortense, les rejoints à son tour, il a le parler un peu « pointu » de Paris, qu’il prononce « Péris ».

Rosimond est promis à Hortense, leur mariage est imposé par leurs parents. Mais Paris/Province ne vont pas faire bon ménage, et le jeune homme va l’apprendre à ses dépends ! Au 18ème siècle un petit-maître était l’arbitre des élégances, du savoir-vivre, joueur, enfin d’après ses critères et d’après Paris. Différence sociale, aristocratie de province contre celle de Paris, différence Paris/Province tout est là. De nos jours on peut dire aussi, qu’il y a un parisianisme aigu envers la province, qui nous le rend bien !

Son air hautain, ses manières précieuses, (quelle affaire lorsqu’il doit s’asseoir à même le sol ! ) Hortense est trop « nature » pour plaire au jeune homme, quoique ...

Dorimène a fait le voyage de Paris pour le retrouver et le forcer à l’épouser, le voilà bien pris au piège, sa mère veut le déshériter, Hortense veut un amour sincère et croit le trouver chez Dorante ami de Rosimond.

Frontin a la voix de Stéphane Bern, Marton est libertine et sans chichis, Rosimond snob mais pas trop et si touchant à la fin, Dorimène est bien parisienne, la marquise et le comte orchestrent tout ce petit monde à leur guise. Dorante sera bien sûr désespéré car il en faut un ! Je reste un peu sur la réserve pour Hortense, que j’ai trouvé un peu en deçà de ses partenaires.

Enfin une mise en scène qui respecte l’époque, pas de portable, pas d’attaché-case, un simple décor campagnard, des costumes 18ème. Un souffle léger de Fragonard.

Les plus, une mise en scène inventive, légère, drôlissime, les moins, il faut tendre l’oreille pour entendre le texte, ce qui est fort dommage, on en perd la subtilité.

Tout le style de Marivaux est là, cette pièce ne fut jouée à sa création que deux fois, victime d’une cabale orchestrée semble-t-il par Crébillon, le monde du théâtre est impitoyable ! 

La Comédie Française a eu une belle idée de ressortir ce petit bijou.

Anne Delaleu
20 décembre 2016


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