mercredi 28 février 2018

Miracle en Alabama - W. Gibson - théâtre La Bruyère


Mardi au samedi 21 et matinée samedi 14h30
Représentations surtitrées les 17 mars (14h30) 22 mars (21h) et 31 mars (14h30)
Site du théâtre ICI
photos LOT

Miracle en Alabama

William Gibson


Adaptation et mise en scène Pierre Val

Avec Valérie Alane, Julien Crampon, Stéphanie Hédin, Marie-Christine Robert, Pierre Val et, en alternance, Lilas Mekki et Clara Brice


En juin 2018, il y aura 50 ans disparaissait Helen Keller.

Mais retournons un peu plus avant dans le passé, Alabama 1888, un jour comme les autres, le déjeuner est prêt, la famille se compose du Capitaine Keller, de sa seconde épouse Kate, de Jimmy 20 ans, né d’un premier lit, et de tante Eve. Les Keller s’installent à table, Helen, petite souillon échevelée, picore dans les assiettes des uns et des autres, cela ne gêne personne. Cette famille est confrontée depuis 6 ans au handicap de leur fillette. Elle avait 2 ans et une congestion cérébrale l’a rendue aveugle et sourde.



Ils sont démunis face à ce drame, ils aiment cette enfant, la gave de sucreries pour calmer ses colères, lui laisse tout faire. Mais il est temps de prendre une décision. Asile ? Non, Kate a encore des frissons en parlant de sa dernière visite. La solution vient de Boston, et s’appelle Annie Sullivan. Jeune, fraîchement diplômée, elle a été aveugle et ses yeux sont toujours sensibles à la lumière.

Elle comprend très vite la situation, et devra se battre contre les préjugés et pour imposer une éducation certes musclée, elle est comme le dit le capitaine « Nordiste » ! Un monde les sépare, et la guerre de Sécession est encore présente dans les esprits. Mais elle est opiniâtre et veut sortir Helen de son sommeil, la rendre plus forte.



La mise en scène de Pierre Val (qui incarne le capitaine), est intelligente et sobre, Valérie Alane est Kate mère meurtrie, confrontée entre son amour pour le Capitaine et son amitié envers Annie. Julien Crampon, Jimmy est sensible, drôle, Marie-Christine Robert est tante Eve, qui apporte un peu de douceur et d’humour dans l’histoire.

Stéphanie Hédin, est crédible dans son rôle, âpre, dure à la tâche, elle fait montre d’empathie, et d’un caractère bien trempé, il lui en faut pour tenir tête à Clara Brice, violente, apeurée et si lumineuse. Une jeune comédienne qui fait « parler » ses émotions.




Un bien beau « miracle » à découvrir en ce moment au La Bruyère.

Anne Delaleu
28 février 2018

mercredi 21 février 2018

Douce Amère - Poiret - théâtre des Bouffes Parisiens


mardi au samedi 21h - samedi 16h30 - dimanche 15h
durée 1h45
site du théâtre ICI


Douce-Amère
Jean Poiret
Mise en scène Michel FAU

Avec Mélanie Doutey - Michel Fau - David Kammenos - Christophe Paou - Rémy Laquittant

Philippe et Elisabeth sont mariés depuis huit ans, Philippe sent Elisabeth lui échapper. Il a invité Michel, médecin bien sympathique et ami de sa femme, pas encore son amant.



Elisabeth se veut libre, elle ne sait plus où elle en est, l’usure de leur couple en est la cause. C’est alors un défilé de prétendants, et une remise en question. Après Michel, vient Stéphane, pilote de course, et puis il y aura le hippie Gilles, grand bébé boudeur ! Chacun d’eux proposera à la jeune femme une vie de rêve, enfin surtout leur idée de couple et leur rêve à eux.



Années 70, le décor est tout à fait dans le ton, un peu vaisseau spatial, et les pantalons “pattes def”, tissus “ power flower”, tout y est. La distribution est menée tambour battant par Mélanie Doutey, elle fait partie de ses comédiennes qui ne jouent pas mais qui sont leurs personnages, elle est divine ! Elle est fort bien entourée par ses partenaires, chacun bien dans leur rôle, sous la houlette de Michel Fau.



Le titre de la pièce est explicite, la douce-amère est une plante toxique. L’ambiance de la pièce est toxique, les rapports des uns et des autres le sont aussi.

“Comme d’habitude” ou “my way”, chanson écrite par Claude François, lui aussi au sortir d’une rupture, est omniprésente pendant la représentation.



Le sujet de la pièce de Jean Poiret avait remué et bousculé le public des années 70. Il y avait bien entendu une histoire personnelle, mal vécue, et le meilleur moyen de s’en sortir c’est d’écrire un texte, le voir et le jouer. Certes la pièce est un peu “bavarde”, mais ne serait-ce que pour voir Mélanie Doutey, vous ne serez pas déçus !


Anne Delaleu
21 février 2018

Prix du Brigadier 2018 - théâtre Montparnasse


Prix du Brigadier 2018

Ce prix a été créé en 1960 par l’Association de la Régie Théâtrale, il est aussi prestigieux et plus ancien que les “Molières”.

C’est donc au théâtre Montparnasse que la remise du brigadier a été faite, sous la houlette de Danielle Mathieu-Bouillon, Présidente de l’association de la Régie Théâtrale.

Beaucoup de monde, j’aperçois Emmanuel Dechartre, qui triomphe actuellement dans “L’avare” au théâtre Artistic et qui quittera ses fonctions de directeur du Théâtre 14 fin 2019. Il aura bien mené sa “barque” et nous le regretterons.

Christophe Barbier, chroniqueur et comédien en ce moment au Poche ("Le tour du théâtre en 80 minutes") s’installe au 1er rang, non loin de lui, René de Obaldia, 100 ans en octobre ! (Monsieur si vous saviez, je suis montée la première fois sur scène dans “Les innocentines” et aussi “Le défunt”, représentations de fin d’année de notre cours de théâtre.)

Stéphane Hillel, Président de l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé, monte sur scène et regrette comme tout le monde l’absence de Bruno Julliard, Premier adjoint à la Maire de Paris, il est aussi très pessimiste quant à l’avenir du théâtre privé. Espérons que l’avenir ne lui donne pas raison.


(Stéphane Hillel, on a suivi les mêmes cours de théâtre, il m’a donné la réplique dans une scène de “Lorsque l’enfant paraît” d’André Roussin, lui a réussi dans le métier ! On se voit aux présentations de saison ou au remise de prix, bisous “ça va et toi ?” “ça va !”)

Nicolas Vaude, aura le privilège de remettre le brigadier 2017 à Dominique Valadié, elle a été fabuleuse au Théâtre de Poche-Montparnasse dans la pièce de Thomas Bernhard “Au but”. Elle est très émue, et rend hommage à ses parents, ainsi bien sûr qu’au théâtre de Poche-Montparnasse, “jouer si près du public a été une expérience formidable”.
(NIcolas Vaude triomphe en ce moment dans la pièce de Pinter “La collection” au théâtre de Paris.)



André Dussolier, reçoit le Brigadier d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière et Novecento, qu’il a joué avec succès sur cette scène, avec un orchestre de jazz, il a de l’humour, du panache, du charme et nous fait crouler de rire, sur les portables qui sonnent, les vieilles actrices sur le retour, et ses souvenirs de cinéma.


Myriam Feune de Colombi, Directrice du théâtre Montparnasse, qui nous accueille si aimablement dans son théâtre, remet le brigadier d’honneur au théâtre de Poche-Montparnasse et à son directeur Philippe Tesson, pour la qualité de sa programmation.

Philippe Tesson fêtera quant à lui ses 90 printemps dans quelques jours, il a toujours le mordant, l’humour, la facétie qu’il faut pour accepter ce prix, bien entendu il associe sa fille Stéphanie et Charlotte Rondelez ainsi que toute l’équipe du théâtre.

Une bien belle remise de prix qui se poursuit avec un verre de l’amitié au foyer du théâtre, beaucoup de monde, j’ai félicité André Dussolier, croisé Florian Zeller, Jean-Paul Bordes, Jean-Paul Farré, et tant d’autres.


Merci à Myriam Feune de Colombi pour son accueil, son sourire, c’est une amoureuse du théâtre, je me souviens d’elle, blonde et majestueuse dans la pièce d’Edouard Bourdet “Le sexe faible” à la Comédie Française.


Anne Delaleu
21 février 2018

mardi 20 février 2018

Adieu M. Haffmann - Daguerre - Petit Montparnasse

mardi au samedi 21h - dimanche 15h
durée
site du théâtre ICI
Adieu Monsieur Haffmann
Jean-Philippe Daguerre


mise en scène: Jean-Philippe Daguerre
Avec Grégori Baquet (ou Charles Lelaure), Alexandre Bonstein, Julie Cavanna, Franck Desmedt (ou Jean-Philippe Daguerre), Charlotte Matzneff (ou Salomé Villiers)

Paris sous l’Occupation en 1942, Joseph Haffmann bijoutier, demande à son employé Pierre de reprendre la bijouterie, mais surtout de le cacher dans la cave. Sa femme et ses enfants ont pu gagner la Suisse. Pierre a du respect pour Joseph, il est marié à la charmante Isabelle, leur bonheur serait complet avec un enfant dans leur foyer.

Monsieur Haffmann a une nombreuse famille, Pierre sans en parler à sa femme, fait une étrange proposition à son patron, il accepte de le cacher mais lui demande de faire un enfant à Isabelle. Il aime profondément sa femme, et ne veut plus la voir triste, il a même le courage d’avouer que c’est lui qui est stérile, pas facile pour un homme. Marché conclu.

La bijouterie reprise par Pierre est florissante, bien entendu, ses meilleurs clients sont les occupants ou les collabos… l’argent n’a pas d’odeur comme il dit. Isabelle est stupéfaite lorsque Pierre lui annonce que l’ambassadeur d’Allemagne et son épouse française seront leurs invités.


Joseph Haffmann s’invitera aussi au dîner, pour être en face de ses nazis, de ses bourreaux. La soirée prendra une drôle de tournure…

La mise en scène de Jean-Philippe Daguerre est efficace, il est entouré de brillants comédiens.

Une petite histoire dans la grande Histoire avec un mélange de personnages fictifs et historiques. Un très bon spectacle, le sujet est grave mais n’empêche pas les moments d’humour.

Anne Delaleu
20 février 2018

Zig Zag - Lemaire - Petit Montparnasse

mardi au samedi 19h - dimanche 17h15
durée 1h30
site du théâtre ICI

Zig Zag
Xavier Lemaire


Texte et mise en scène Xavier Lemaire
Avec : Xavier Lemaire (Alain Sachs à partir du 28 février au 7 mars), Isabelle Andreani, Frank Jouglas

Savez-vous ce qu’est une “servante” ? oui c’est un personnage, une fonction, mais sur scène, c’est une lampe sur pied posée au milieu du plateau et qui veille sur le théâtre et ses fantômes… Pas la peine de demander aux deux olibrius sur scène, clowns maladroits, qui tentent de monter le décor… le pauvre metteur en scène Xavier Lemaire aura bien du mal à se faire entendre et comprendre par ces deux-là !

“Le médecin malgré lui” est une farce de Molière, Xavier Lemaire nous propose de nous en présenter le 1er acte en trois versions, et de nous faire savourer des textes de comédiens, de metteurs en scène sur le théâtre qu’il aime tant et qu’il sert si bien.


Première version classique, de plus ou moins bon goût, mais le texte de Molière sans être cru et assez équivoque ! les costumes sont dans la tradition, “jaune et vert” pour Sganarelle comme le voulait Molière.

Deuxième version cérébro/culturo/rasoir, les deux comédiens de noir vêtus, “crachent” le texte, se roulent par terre, borgborismes à l’appui !

Troisième version moderne/réaliste, Sganarelle et Martine sont SDF, on ne comprend guère ce qu’ils disent mais ils sont à fond dans le jeu.

Il y a aussi l’audition surprise de deux apprentis comédiens qui nous réservent bien des surprises ! l’un a un égo surdimensionné quant à la fille, elle sort de sa superette et serait bien mieux dans une télé-réalité.

Xavier Lemaire nous initie à l’art de la mise en scène et de l’envers du décor avec beaucoup d’humour, Isabelle Andréani prouve une foi de plus l’étendue de son talent, elle est complétement déjantée ! Frank Jouglas lui aussi a de l’énergie à revendre, un comédien à suivre.
On rit beaucoup avec ses farceurs, un très bon moment de théâtre.


Anne Delaleu
20 février 2018

dimanche 18 février 2018

Ruy Blas - Hugo - théâtre du Ranelagh


mercredi au samedi 20h45 - dimanche 17h
durée 2h30
site du théâtre ICI
photos (c)Charlotte Spillemaecker.
Ruy Blas
Victor Hugo
Mise en scène : Vincent Caire
Avec : Aurélie Babled, Franck Cadoux, Vincent Caire ou Alexandre Tourneur, Gaël Colin, Damien Coden, Cédric Miele, Karine Tabet
Costumes: Corinne Rossi - Décor: Nicolas Cassonet et Caroline Rossignol

Grand d’Espagne, Don Salluste de Bazan a eu une aventure avec une suivante, une “fille de rien” et la reine Marie l’oblige à réparer l’affront ! Scandale, c’est la disgrâce totale, et Salluste veut se venger. Son laquais Ruy Blas, est amoureux de la souveraine, il confie son secret a son ami, Don César de Bazan, grand seigneur, bohème, épicurien, mais les poches percées et hélas aussi cousin de Salluste. Celui-ci lui propose de redresser ses finances, mais de compromettre une femme. Il refuse sans hésiter et avec dégoût. Salluste obligera Ruy Blas a entrer dans le complot, devenir le confident et surtout l'amant de la reine.

L’affiche de la pièce est parlante, une couronne dorée qui se révèle un piège, la pauvre Reine d’Espagne Marie de Neubourg (seconde épouse de Charles II), s’ennuie et se morfond dans cette Cour. Sa seule amie Casilda essaie de la distraire, mais la duègne la rappelle au protocole contraignant, elle est reine sans aucune liberté.


Les comédiens sont investis dans leurs personnages, j’ai trouvé un peu larmoyant le Ruy Blas de Damien Coden, mais il montrera une force d’âme pour sauver son aimée et pour remettre à leurs places les ministres. Don César de Bazan est incarné avec fougue et drôlerie par Gaël Colin, Karin Tabet a beaucoup de charme et d’émotion, Frank Cadoux est “laquais dans l’âme”, noirceur du personnage jusque dans le costume.


La pièce est actuelle pour ce qui est des ministres, ni intègres, ni vertueux, mais nous sommes à une époque où les princes et princesses épousent sans problèmes, actrices ou prof de fitness !

Pièce romantique, histoire d’amour contrariée, complots, tirades célèbres “Ver de terre amoureux d’une étoile”, “Bon appétit Messieurs !”.



Le théâtre du Ranelagh est un bel écrin pour cette pièce historique, avec de beaux costumes et un décor transformable.

Anne Delaleu
18 février 2018